mardi 26 mai 2015

Pauline, ma femme, mon amour


La Ferté, ce mardi 22 avril, midi

Pauline, ma femme, mon amour

Pauline, ce soir j'aurai une lettre de mon amour, de ma femme. Et toi aussi, tu recevras une lettre. De nouveau, les PTT vont nous réunir. Oh, ce mois d'avril va rapidement s'enfuir, ce mois d'avril qui nous a rapprochés pendant deux semaines et qui nous a permis à tout jamais de " faire ce qui nous plaira ". Pauline, tu as recommencé à faire la cuisine dans notre chez nous que je connais bien maintenant. Ce matin, j'ai envoyé à Versailles notre bulletin de mariage. L'as-tu fait de ton côté ? Sinon envoie le et sans tarder ; on ne sait jamais, à un jour près, une belle occasion peut nous passer devant le nez ...
Est-ce que Simone a recopié les renseignements qu'elle voulait sur l'osier quand elle était ici ? Sans doute que non mais peut-être n'en a-t-elle plus besoin maintenant que ... Millet s'occupe si bien d'elle ! Au fait, est-il venu à Vrizy dimanche ce Millet ? Simone a dû être toute contente !
Comme prévu les garçons de troisième qui avaient une belle voix il n'y a pas si longtemps ont commencé à trinquer. A vrai dire, ils n'ont même pas eu la présence d'esprit d'apprendre leurs leçons et de suivre. Cela a été un jeu pour moi de leur infliger des zéros ! Ce qui vaut ici, 3 heures de retenue pour le samedi. Et ce n'est que le début. Tu vas peut-être me trouver dur mais il n'y a absolument rien à redire ! Bien au contraire car nous sommes au troisième trimestre et dans deux mois, ils planchent alors, au travail ! ...
Pauline, le beau temps des vacances n'a pas complètement disparu, il en subsiste quelques restes.
Il est vrai que maintenant nous sommes au printemps. Les tilleuls ont leurs vraies feuilles et le soleil perce malgré les nuages. Mais je viens de m'apercevoir que je vais être sanctionné de 100 sous pour avoir parlé à la fin du dernier paragraphe du seul sujet défendu. Oh mais c'est que je ne veux pas être  "casse-pied ". Pauline, sans doute vas-tu aller à la gare pour t'informer de ce qu'il en est exactement pour cette carte à demi-tarif. As-tu parlé avec madame Hannion pour l'emploi des 5000 francs de mon oncle Albert ? Il ne faut pas attendre trop la hausse Pinay !
Pauline, je t'aime. Pauline, ma femme, ma femme à moi et pour tout le monde maintenant !
Jacques.

CARNET D'ADRESSES (de l'auteur)


compteur bbcode

samedi 23 mai 2015

Règnes


Règnes

Je suis né à Vouziers département des Ardennes le 8 décembre 1954 - c’est ma date de naissance - de Jacques et Pauline. Jacques, mon père,  trouva brutalement la mort sans l’avoir vue venir en plein jour d’une voiture par l’arrière quelques années plus tard. C’était à Rambouillet, Seine-et-Oise à l’époque, Yvelines désormais, le 11 novembre 1958. Nous sommes aujourd’hui le dimanche 25 septembre 2011 et depuis avant-hier, par conséquent depuis vendredi, j’ai vécu un nouveau changement brutal.
Une fois ces dates posées, je peux dire, sans aucune exagération, que ma vie est partagée en trois parties qu’on peut dater comme on le ferait pour les années de règne de trois rois successifs à savoir, je note consciencieusement, 8 décembre 1954 -11 novembre 1958, je vais dire François 1er bien sûr, 11 novembre 1958 -23 septembre 2011, François II maintenant en appliquant la coutume royale qui consiste à reprendre le nom du roi précédent comme ce fut le cas aux XVIIème  et XVIIIème siècles avec la succession des Louis et 23 septembre 2011 - 25 septembre 2011, François III donc. La dernière période devrait logiquement  s’étoffer avec le temps qui court. Mais c’est parce que je ne suis pas sûr qu’elle se prolonge, bien que je le souhaite au-delà de toutes les limites envisageables, que j’écris. Si tel malheureusement ne devait pas être le cas, ces lignes seront les traces d’un règne fugace que je pourrai relire plus tard, je l’espère, sans éprouver de honte ou sans ressentir un triste amusement vis-à-vis de moi-même. Comme un testament en suspens en quelque sorte.
L’état de grâce est parti, il n‘aura duré que deux jours et trois nuits et la douleur est  revenue. Où s’en est-il allé ? Où s’était-elle cachée ? J’observe, à la lecture des lignes de dimanche, que j’ai vécu ces quelques jours de manière naïve et passive en sachant que tout pouvait disparaître et en ne tirant aucune conclusion sur une quelconque action à entreprendre. Mais était-ce possible et comment le savoir ? Je voudrais tant que mon père soit présent, mort ou vivant. Mort tel un gardien de phare de haute mer invisible dont on sait de la terre la présence dans la nuit  par la lumière que le miroir renvoie ou vivant lors de la relève attendue et qu’à terre devant moi, il s’étonne, points d’exclamation, ou bien qu’il s’interroge, points d’interrogation. Qu’avec fierté, il cite ouvrez les guillemets Aragon. Ou Stendhal. Et tous les autres sentiments aussi avec leurs virgules, leurs points-virgules au maniement délicat, leurs tirets et leurs parenthèses, leurs points de suspension, et aussi leurs accents, les aigus, les graves et les circonflexes et les règles de grammaire du participe passé des verbes pronominaux parce que  sont les plus dures et que je ne les maîtrise pas complètement. Il a été vivant je le sais. Ce que je connais de lui se condense en une image. Ce n’est pas  l’image ordinaire d’une photographie qui aurait été fixée sur le papier. Non. Elle est, sans ambages* dans mon cœur, celle d’un paradis où l’univers est clos et si je n’ai pas su l’entretenir pendant ces heures  récentes d’un pauvre règne éphémère, l’idée me vient en écrivant, c’est que le temps y coule sans effraction comme l’eau d’un ruisseau de printemps.
* expression datée mais c’est comme ça.

CARNET D'ADRESSES DE L'AUTEUR



compteur pour site internet

jeudi 21 mai 2015

Ce n'est pas un billet du jour, mais plutôt un pamphlet....


Bonjour à toutes et tous,
Ce billet du jour est quelque peu particulier, il tiendrait plus dans la catégorie « billet d’humeur », non pas la mienne, mais l’humeur d’une femme poétesse de sa personne, à qui j’ai envoyé un « mail promotionnel » au sujet de mon recueil.
Pour envoyer ce mail aux personnes de ma connaissance ne fréquentant ni Google+, ni F.B., j’ai sorti ma liste de contacts, et cette charmante personne au demeurant, côtoyée un certain temps dans « les rayons de la librairie des inconnus », y figurait, pourquoi ne pas lui envoyer ce mail ? Ma poésie, assurément, lui plaisait, vous verrez pourquoi un peu plus loin, et de surcroît, j’ai moi-même acheté un de ses bouquins, l’an passé, je me suis dit : échange de bon procédé !!!
Pour certains me connaissant, il est évident de constater, dans mon style d’écriture une attirance pour la dérision et l’ironie, peut-être ce ton ne lui a pas plu.
Je ne tiendrai donc pas ma demie promesse lui disant « je ne sais pas si je vais publier, vos mails d'une incroyable injustice », malgré tout, devant son mutisme, je pense qu’il est de mon droit, et surtout de mon devoir de vous avertir « bande de pourri que vous êtes tous », du profond respect de cette personne envers le monde des artistes dans lequel je me retrouve (quel honneur, merci Véro..) 

Avec beaucoup d’entre vous…Si l’idée m’était venue (Je vais d’ailleurs certainement le faire, vu l’enflure de mon ego, pourquoi se gêner… ?) D’écrire à certains sociétaires siégeant sous la coupole, je n’aurai certainement pas été reçu de cette manière…
Véronique, tu as « chié dans mes bottes »…


ACTE 1 : Mon mail de promotion…
Le 20/05/2015
Bonsoir,
Pourquoi cette visite incongrue à cette heure tardive dans votre « boite mail » ? Pour vous annoncer la naissance de mon premier recueil de textes, rédigé par l’ajusteur de mots que je pense être, et non le poète comme certains pourraient le croire. Je n’avais pas (comme beaucoup) grand-chose à laisser comme trace de mon passage sur terre, dans le monde des vivants. Même si ce recueil ne changera pas grand-chose à cet état de fait, il est vrai, je me devais de le faire, pousser que j’étais par mon ego… Maintenant qu’il est écrit, édité, et mit en vente, il est de mon devoir de vous le faire, savoir, mais surtout vous dire, comment vous le procurer…. Rien de plus simple, vous cliquez sur le lien ci-joint, puis vous serez de suite sur le site de « la librairie des inconnus » l’éditeur, chargé de la vente… Malgré tout, ne vous sentez pas obligé de l’acheter, quand bien même, cela puisse me procurer un extrême plaisir… Vous trouverez deux titres pour un même recueil aux textes tout à fait identiques, car il y a une version collector(*) de 138 pages, limitée à 20 exemplaires intitulé « au clair de ma plume, je vous écris des mots » qui comprends 31 photos d’aquarelle réalisées par mes soins.
Et une version uniquement composée des textes, de 96 pages « le jardin de mon cœur ».
Si j’osais, je vous dirais bonne lecture…
Bien amicalement.
Joël.
*Deux exemplaires vendus ce jour (dépêchez-vous)


ACTE 2 : première réponse de Véronique.

véronique Benzazonv
14:10 (Il y a 22 heures)
À moi
Vous avez une démesure complète à envoyer vos mots dans ma boite : e-mail
L’égo est très enflé chez vous sûrement, surtout ne vous abstenez point à me retirer de votre liste
Il n'y a que vous au monde et pour moi vous n’êtes point un véritable poète!
Je vous signale que j'ai deux recueils à la clé avec une véritable prosodie classique, et je ne fais point un panache autour de moi pour mes deux recueils 
LA POESIE NE S’EST JAMAIS VENDUE, ELLE LE  SERA TOUJOURS ...  


ACTE 3 : ma réponse à son premier mail.

joel delaunay <joel.delaunay50@gmail.com>
16:27 (Il y a 19 heures)
À véronique
 Bonjour Véronique,
Je vous savais désagréable et imbue de votre personne, mais à ce point vous comblez mon étonnement en ce domaine. Il n’est évidemment pas possible pour vous, de vous targuer d'écrire de la poésie, celle-ci étant incompréhensible pour le commun des mortels que je suis. Malgré tout votre recueil (hébétude d'un souffle)
Demeure sur ma table de nuit, et je persiste a le décoder, sachez je ne regrette pas cet achat fort enrichissant. Il aurait été préférable pour moi, de porter mon choix sur un autre recueil de votre si riche collection. 
Je ne pensais pas vous incommoder à ce point, par ce mail de promotion concernant mon humble recueil de textes, vous m'en voyez sincèrement désolé.
Afin de promouvoir d'avantage mon "papier" je pense que vous ne verrez aucun inconvénient, à ce que je publie votre mail  d'ingratitude envers l’ajusteur de mots que je suis.
Bien amicalement, et longue vie à la carrière de poétesse reconnue que vous êtes.
Joël  "sans prétention ni importance"


ACTE 4 : deuxième réponse de Véronique

véronique Benzazonv
18:44 (Il y a 17 heures)
À moi
Mais pour vous servir de mes vers, vous savez les comprendre ! Allez y  montrer donc mon message à qui vous vous voulez, je m’en moque éperdument car je ne fais point partie de ce monde hypocrite et fallacieux que représentent beaucoup d’artistes et précisément ce monde littéraire et poétique qui ne pensent qu’à copier les vers des illustres poètes sans en créer par eux-mêmes .....Je n’écris que pour la passion poétique et non pour vendre mes recueils, vous osez me juger, quel malhonnêteté de votre part !
la versification s'apprend cher ami, la création, hélas, tout le monde ne l' a point .....Donc torchez-vous bien avec mon recueil, je ne suis ni dieu, ni maître ! Et vous non plus, la société non plus, les artistes non plus...
Cela vous fera un deuxième message à exposer à ce monde pourri par la vanité !! Excusez-moi, je n'en suis point concernée, jamais il me viendrait à l’idée de publier impunément les messages d'autres personnes, la vérité sur vous, votre comportement se dévoile, à que je suis heureuse de rireeeeeeeeeeeeee
Adieu

ACTE 5 : ma réponse à son deuxième mail.

joel delaunay <joel.delaunay50@gmail.com>
19:05 (Il y a 17 heures)
À véronique
 Véronique, votre venin ne me touche guère, Citez-moi une seule copie d'un quelconque poète, ayant été plagiez par mes soins...Et se trouvant dans mon recueil, que vous n'avez point lu, comme cela n'est guère possible, votre mauvaise foi se trouve confirmée... Je publierai vos messages vaniteux et sans fondements, vous répondrez à votre aise, au monde pourri, devant  savoir le fond de vos pensées, puisque vous en avez... Pour ma poésie, seule ma création entre en jeu, et si j'avais quelqu'un à copier, ce ne serait certainement pas vous... Ne vous octroyez pas à vous seule, le droit de juger, on vous a vu à la librairie des inconnus, et votre passage fut désagréablement remarqué pour vos critiques acerbes. Je ne vous dis pas adieu, la discussion enrichie, et avec moi vous pourrez y parvenir....


ACTE 6 : petit retour en arrière.

Joël Delaunay <joel.delaunay50@gmail.com>
22:39 (Il y a 13 heures)
À véronique
Bonsoir Véronique,
Je ne sais pas si je vais publier, vos mails d'une incroyable injustice, ou bien conserver cette image de vous, quand vous déposiez des commentaires sur mon blog...
Soit vous étiez dans le superficiel, et l'hypocrisie, car si vous étiez sincère pourquoi ce soudain revirement...?
Bonne et douce soirée, bien amicalement
Joël.


Bonjour Joël, voici une lecture d'une émotion intense, au plaisir, mes amitiés

Bonjour Joël
une très belle incantation impressionniste, j'ai beaucoup apprécié, mes amitiés

 1 · Je n'aime plus · Répondre

MA  CONCLUSION

 Chère Véronique, malgré cet échange de mail, je n’ai point de doute sur ton irrésistible envie d’acquérir l’œuvre de ma vie, même si je te dis pour conclure, afin de stigmatiser tes commentaires autant mensongers, et irrecevables qu’incongrus, cet épisode n’entachera en aucun cas ma passion d’écrire, et pour l’ensemble de tes déclarations ci-dessus, eh bien !!! Je m’en badigeonne le nombril avec le pinceau de L’indifférence… (Achille Talon)
Bien amicalement…
Joël (Sans prétention ni importance, titre de mon blog…)



lundi 18 mai 2015

Je viens, je ne sais d'où ! je ne sais qui je suis.


Je viens, je ne sais d'où !
je ne sais qui je suis.
Je meurs, je ne sais quand,
je vais, je ne sais où !
Et je m'étonne d'être heureux...Pas vous?

Pour une saute d'humeur vous voilà servis, mais attention, comme un Loup peut en cacher un autre il ne faudrait pas que ce trouble de l'humeur soit en vérité l'humeur d'une sotte  et dissimule une histoire de bobo !
Rien à voir avec le terme péjoratif pour désigner des personnes aisées se proclamant de gauche mais dont les actes sont contradictoires avec les valeurs qu'ils défendent …. Rien que d'y penser me mettrait de mauvaise humeur !
Bohême oui je le suis, mais bourgeois ah.ça non !
Quand je parle de « bobos» je fais allusion aux petits maux- être de la vie, ce que vous parents soignez avec des câlins et des bisous.
Et vous, messieurs vous aplanissez ces fluctuations sinusoïdales de l'humeur de Madame (je parle de la vôtre) par un bail sans caution de votre fournisseur exclusif de sourire : la Carte bleue.
Là vous comprenez mieux pourquoi il est préférable de confier ce sésame à votre dame plus tôt qu'à la mienne...quoique !
Car mesdames, oui je le confesse, les sots ont eux aussi des changements d'humeurs surtout lorsqu'ils confient leur carte bleue à une sotte de mauvaise humeur.
Voilà une entrée en matière qui me procure de la très bonne humeur !
« Savez-vous d'où vous venez et pire encore connaissez-vous votre prochaine destination ?
En toute sincérité qui êtes-vous et qui auriez-vous dû être, si à un moment précis de votre vie, il n'y avait eu ce petit grain de sable qui a fait se gripper la merveilleuse machine que vos parents avaient mise en marche.
Ils avaient tout décidé à votre place et même ce Kipling de malheur avait doctement déclaré « tu seras un homme, un jour mon fils »
« tu sais ce qu'elle te dit Régine?....macho que tu es !Ma bicyclette à moi elle est bleue. »
Perso, ce sont des petits grains de beauté et de folie qui ont changé ma vie.
Pour les marins Bretons, ce sont de gros grains qui embellissent leurs vies.

Vous, vous sentez parfaitement bien quand soudain un échange banal avec un ami ou un inconnu vous déclenche le bourdon. À toute volée le glas carillonne dans vos trompes d'Eustache...ding-dong, une cloche sonne, sonne, sonne et va d’échos en échos......
Une modeste allusion à un sujet qu'il ne faut surtout pas aborder  et hop ! Un malfaisant vient de mettre le franc symbolique dans la fente de votre juke-box interne et en piste pour « noir c'est noir, il ne me reste que l’espoir » à que oui Johnny.... Vas allumer le feu purificateur, je vais tout faire sauter !
Mais au juste sauter quoi ou qui ? Vous l'êtes-vous demandé?
Je connais sauter une ligne, sauter un ruisseau, sauter un mouton (ça, c'est pas dans mes habitudes....une chèvre...à la rigueur, mais sauter du coq à l'âne...quelle santé!) Sauter un repas (trop souvent) surtout lorsqu'il est composé de pomme frites sautées à la barre fixe et même sauter un paf (si, si cela existe bien) sauter sur tout ce qui bouge...
La bipolarité est de mise elle est même « tendance » et dans certains milieux il faut en être comme autrefois de la jaquette et du bâtiment.
Attention l'humeur changeante est bien spécifique et ne supporte pas la comparaison à ces pauvres gens qui se lèvent du pied gauche, qui ont un pet de travers et qui ne sont pas à prendre avec des pincettes.
La versatilité  du bonhomme ne doit pas être prévisible sinon il y a mal donne.
Non, il faut que le changement soit imprévisible et brusque, alors c'est le pied, le nec plus ultra.
L'homme, le vrai, le dur, le tatoué rivalise avec la Femme, la vraie, la douce, l'aimante et parfois tatouée de là à les confondre ou à vouloir l'égalité il n'y a qu'un pas que je vais sauter(tiens ! encore quelque chose de nouveau à sauter).
Pour revenir au sujet, je ne connais qu'à moitié mes origines, ne sachant pas qui je suis réellement, je pense savoir où nous nous trouverons « six feet under » dans quelques mois ou années mais par contre je suis heureux de vous retrouver et de vous imaginer en train de lire ce texte me rend de bonne humeur....et si vous le commentez alors là...je serais de très bonne humeur.
Calme et Droit jusqu'au bout

CARNET D'ADRESSES DE L'AUTEUR

compteur de visite html

vendredi 15 mai 2015

FRANCIS TRELET

Billet d'un jour 
A propos d'une émission de télé réalité: Koh-lanta
Alors que nous étions entre amis, l'un d'eux m'annonce qu'ils vont regarder Koh-lanta. Par curiosité je me suis joins à eux, ayant déjà entendu parler de cette émission où hommes et  femmes prennent, dans des conditions extrêmes, des risques énormes pour gagner une somme importante.
Au début, je me suis laissé prendre au jeu, et j'écoutais les explications que donnait l'animateur.
Deux équipes doivent réaliser des performances au terme desquelles  une équipe sera déclarée gagnante. Tout d'abord elles doivent  aménager leur campement sur une île  pleine d'insectes répugnants, et embûches de toutes sortes. Après tout, ils l'ont voulu, aucune raison, jusque-là de se plaindre.
 A la fin de la partie, l’équipe qui a cumulé le plus de points, jouit de sa victoire sous les applaudissements de tous, les perdants doivent expliquer pourquoi et comment ils ont perdu. Chacun des participants  doit se confesser, dire où, et à quel moment il a été mauvais.
C'est là que j'ai été profondément choqué. Ces hommes et ces femmes, soit disant soudés, s'accusent mutuellement d'être  responsables de leur échec. Un des partenaires doit être éliminé, désigné par vote, c'est ainsi que j'ai assisté au départ d'un jeune qui avait tout fait pour aider ses collègues, mais  a été jugé dangereux par eux en raison de quelques maladresses. J'ai trouvé ce jeux très nocif, car pour finir gagnant, il faut éliminer les autres, non en étant le meilleur, mais en détruisant les qualités des autres. Il y a une  mentalité déplorable dans cette émission faisant croire aux jeunes que pour survivre ou gagner des places, dans des conditions difficiles, il convient d'abattre les autres. J'en ai ressenti un grand malaise.

Carnet d'adresses de l'auteur


compteur

jeudi 14 mai 2015

FRANCOIS GASTINEAU


Ma vérité 

Je me réveille. La première chose que j’observe est que je suis par terre. Je ne sais pas comment j’ai fait pour me trouver ici. Suis-je tombée du lit ? Ou bien me suis-je évanouie ? J’essaie de me souvenir de quelque chose, de ce que je faisais avant de dormir…. Sans succès. Je me mets debout comme par instinct et je commence à marcher. La deuxième chose que j’observe est que je ne suis pas dans ma chambre. Super. Cet endroit m’est complètement étranger. La troisième chose que j’observe est que je suis dehors. Me suis-je fait voler puis assommer ? Mais je ne sens aucune douleur. Je regarde à gauche et à droite et je vois des murs. Suis-je dans un couloir ? Dans une maison sans toit ? N’ayant pas d’autre choix, je commence à marcher droit devant. Il faut bien aller quelque part, rester dans le même endroit ne m’amènera nulle part, n’est-ce pas ? Très vite je me trouve devant un autre mur, je tourne à droite et je continue ma route. Il n’y a que des couloirs dans cet endroit. On dirait que c’est un labyrinthe et non une maison. Punaise ! Comment ai-je fait pour arriver là ? Je marche lentement, plus parce que je suis effrayée que parce que je n’ai pas de chaussures. Je n’entends rien. Tout est mort ici. Il n’y a rien qui vive, rien qui bouge. Il n’y a ni vent ni lune. Il n’y a ni oiseaux ni serpents. Je tourne à droite puis à gauche. J’essaie de marquer les places mais il fait assez sombre. Je me perdrai très facilement. Oh, la farce !
Pendant que je me promène au clair de la lune inexistante, je trébuche sur quelque chose. Ma peluche ? Que fait-elle là ? En la regardant plus près, je vois qu’elle est toute trouée. Je continue ma route en la regardant. C’est drôle, à chaque fois que je touche un trou je sens quelque chose. Comme la dernière fois que je me suis disputée avec ma sœur. Ce n’était même pas à propos de quelque chose d’important. Je veux dire, elle avait pris mon T-shirt bleu et alors ? C’est drôle quand je me fâche, je trouve beaucoup de mots méchants à lancer. Et quand je veux exprimer de la gratitude ou de l’amour, aucun mot ne me vient à l’esprit. Je n’ai même pas pu lui dire combien je l’aimais. Elle est morte sans le savoir. Cette peluche me rend triste. C’est comme si elle contenait tous mes regrets. Elle peut bien être petite, mais elle a beaucoup de trous minuscules. Je regrette bien des choses. Je la jette.
Je commence à faire du bruit. Oui, c’est ma façon de combattre la peur et le stress. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Peut-être, ça attirera quelqu’un qui n’est pas le bienvenu. Je commence à chanter. Je n’ai pas une très belle voix mais je chante quand même, ça me calme. Droite, gauche, gauche droite. Je suis mon chemin à l’aveuglette. J’entends quelque chose. Ce n’était sûrement pas ma voix. Ma voix peut être horrible mais elle n’est définitivement pas une voix d’homme. Je fais moins de bruit maintenant, je ne pense pas que faire connaissance avec un homme qui rigole comme le diable lui-même soit quelque chose que je veux vivre. Je marche plus vite. La voix n’arrête pas de rigoler. Je marche encore plus vite. Elle se rapproche. Je cours.
Courir pour échapper à un danger est un bon moyen de survie, lâche peut-être mais cela fonctionne. Courir dans des couloirs qui semblent interminables n’est pas vraiment la meilleure des solutions. Mais le rire diabolique de mon poursuivant me fait automatiquement aller de l’avant. Je cours jusqu’à ce que je sente quelqu’un tout près de moi. Je tombe. Trois secondes passent et rien ne m’attrape par derrière. Je remarque que je n’entends plus le rire. Ok… je me tourne doucement en m’attendant à apercevoir une silhouette, mais il n’y a rien. Hors d’haleine, j’essaie de reprendre mon calme en regardant le mur de droite. Pour la première fois, je vois qu’il y des inscriptions sur les murs. Je me rapproche et je commence à lire : « pourquoi me fais-tu ça ? Je pensais que tu m’aimais » « Fais quoi ? Je ne fais rien. C’est toi qui interprètes les choses telles qu’elles ne le sont pas ! ». Je fais un pas en arrière en pensant que je suis devenu folle. Je n’arrive pas à lire quoi que ce soit d’autre. Toutes les lettres sont floues. Mais je n’ai pas à lire davantage de toute façon. Cette conversation, je la connais par cœur. Elle était la dernière dispute que j’ai eue avec mon ex. Il m’accusait de flirter avec d’autres hommes. Il croyait que je le faisais pour le rendre jaloux. J’ai tout fait pour le convaincre qu’il imaginait des choses mais il était persuadé que je mentais. Ce qui est triste est qu’il avait raison. Et que j’ai fait des choses horribles à lui qui m’aimait tant. Quand il s’était rendu compte que je n’étais pas si innocente que je le lui ai fait croire, il était sorti de la maison pour ne jamais y revenir et j’ai perdu le seul être qui voulait me rendre heureuse. Mon insolence, mon orgueil, mon égoïsme etc. m’ont ruinée. Je n’ai su sa valeur que quand qu’il est parti.
Quelque chose à une grande vitesse passe derrière moi. Il est revenu ! Je recommence à fuir. Gauche droite, droite gauche. Il apparaît devant moi. Je cours à droite. Il apparaît à ma gauche je fuis droit devant. C’est comme s’il m’encerclait. Il est partout. Je suis terrifiée. Je ne sais pas pourquoi mais je pense à ma mère. Ma mère qui m’a protégée quand j’étais enfant, qui m’a soutenue quand j’étais adolescente et qui m’a pardonnée quand je suis devenue adulte. Ma mère que j’ai épuisée quand j’étais enfant, que j’ai négligée quand j’étais adolescente et que j’ai blessée quand je suis devenue adulte. Je m’arrête devant un mur. Je regarde partout mais il n’y a aucune issue. Prise au piège. Je me retourne et je vois l’homme qui se dirige vers moi. Je peux maintenant distinguer sa silhouette, elle devient une petite silhouette de femme avec un couteau dans la main. Elle a un masque au visage. Elle l’enlève. Ce que je vois c’est moi. Elle me poignarde.
Je me réveille. Cette fois je suis dans mon lit. Effrayée, essoufflée, déprimée. J’allume ma veilleuse pour m’assurer qu’Elle n’est pas là. Je ne la vois nulle part dans la chambre mais pourtant Elle est ici, avec moi. Elle est en moi. Elle est moi. Elle est celle que je montre aux autres. Elle est celle qui joue un différend rôle chaque jour. Elle est celle qui porte un masque au visage sans même considérer être elle-même. C’est un cauchemar que je n’oublierai jamais parce que c’est plus ma vérité qu’un simple rêve. Cela m’a montré qui je suis, ce que j’ai fait et comment j’en suis arrivée là : sans rien, sans personne…

CARNET D'ADRESSES DE L'AUTEUR


compteur html 
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

La Ferté, ce mardi 22 avril, midi

Pauline, ma femme, mon amour

Pauline, ce soir j'aurai une lettre de mon amour, de ma femme. Et toi aussi, tu recevras une lettre. De nouveau, les PTT vont nous réunir. Oh, ce mois d'avril va rapidement s'enfuir, ce mois d'avril qui nous a rapprochés pendant deux semaines et qui nous a permis à tout jamais de " faire ce qui nous plaira ". Pauline, tu as recommencé à faire la cuisine dans notre chez nous que je connais bien maintenant. Ce matin, j'ai envoyé à Versailles notre bulletin de mariage. L'as-tu fait de ton côté ? Sinon envoie le et sans tarder ; on ne sait jamais, à un jour près, une belle occasion peut nous passer devant le nez ...
Est-ce que Simone a recopié les renseignements qu'elle voulait sur l'osier quand elle était ici ? Sans doute que non mais peut-être n'en a-t-elle plus besoin maintenant que ... Millet s'occupe si bien d'elle ! Au fait, est-il venu à Vrizy dimanche ce Millet ? Simone a dû être toute contente !
Comme prévu les garçons de troisième qui avaient une belle voix il n'y a pas si longtemps ont commencé à trinquer. A vrai dire, ils n'ont même pas eu la présence d'esprit d'apprendre leurs leçons et de suivre. Cela a été un jeu pour moi de leur infliger des zéros ! Ce qui vaut ici, 3 heures de retenue pour le samedi. Et ce n'est que le début. Tu vas peut-être me trouver dur mais il n'y a absolument rien à redire ! Bien au contraire car nous sommes au troisième trimestre et dans deux mois, ils planchent alors, au travail ! ...
Pauline, le beau temps des vacances n'a pas complètement disparu, il en subsiste quelques restes.
Il est vrai que maintenant nous sommes au printemps. Les tilleuls ont leurs vraies feuilles et le soleil perce malgré les nuages. Mais je viens de m'apercevoir que je vais être sanctionné de 100 sous pour avoir parlé à la fin du dernier paragraphe du seul sujet défendu. Oh mais c'est que je ne veux pas être  "casse-pied ". Pauline, sans doute vas-tu aller à la gare pour t'informer de ce qu'il en est exactement pour cette carte à demi-tarif. As-tu parlé avec madame Hannion pour l'emploi des 5000 francs de mon oncle Albert ? Il ne faut pas attendre trop la hausse Pinay !
Pauline, je t'aime. Pauline, ma femme, ma femme à moi et pour tout le monde maintenant !
Jacques.
compteur gratuit
=======================================================================================================

Règnes

Je suis né à Vouziers département des Ardennes le 8 décembre 1954 - c’est ma date de naissance - de Jacques et Pauline. Jacques, mon père,  trouva brutalement la mort sans l’avoir vue venir en plein jour d’une voiture par l’arrière quelques années plus tard. C’était à Rambouillet, Seine-et-Oise à l’époque, Yvelines désormais, le 11 novembre 1958. Nous sommes aujourd’hui le dimanche 25 septembre 2011 et depuis avant-hier, par conséquent depuis vendredi, j’ai vécu un nouveau changement brutal.
Une fois ces dates posées, je peux dire, sans aucune exagération, que ma vie est partagée en trois parties qu’on peut dater comme on le ferait pour les années de règne de trois rois successifs à savoir, je note consciencieusement, 8 décembre 1954 -11 novembre 1958, je vais dire François 1er bien sûr, 11 novembre 1958 -23 septembre 2011, François II maintenant en appliquant la coutume royale qui consiste à reprendre le nom du roi précédent comme ce fut le cas aux XVIIème  et XVIIIème siècles avec la succession des Louis et 23 septembre 2011 - 25 septembre 2011, François III donc. La dernière période devrait logiquement  s’étoffer avec le temps qui court. Mais c’est parce que je ne suis pas sûr qu’elle se prolonge, bien que je le souhaite au-delà de toutes les limites envisageables, que j’écris. Si tel malheureusement ne devait pas être le cas, ces lignes seront les traces d’un règne fugace que je pourrai relire plus tard, je l’espère, sans éprouver de honte ou sans ressentir un triste amusement vis-à-vis de moi-même. Comme un testament en suspens en quelque sorte.
L’état de grâce est parti, il n‘aura duré que deux jours et trois nuits et la douleur est  revenue. Où s’en est-il allé ? Où s’était-elle cachée ? J’observe, à la lecture des lignes de dimanche, que j’ai vécu ces quelques jours de manière naïve et passive en sachant que tout pouvait disparaître et en ne tirant aucune conclusion sur une quelconque action à entreprendre. Mais était-ce possible et comment le savoir ? Je voudrais tant que mon père soit présent, mort ou vivant. Mort tel un gardien de phare de haute mer invisible dont on sait de la terre la présence dans la nuit  par la lumière que le miroir renvoie ou vivant lors de la relève attendue et qu’à terre devant moi, il s’étonne, points d’exclamation, ou bien qu’il s’interroge, points d’interrogation. Qu’avec fierté, il cite ouvrez les guillemets Aragon. Ou Stendhal. Et tous les autres sentiments aussi avec leurs virgules, leurs points-virgules au maniement délicat, leurs tirets et leurs parenthèses, leurs points de suspension, et aussi leurs accents, les aigus, les graves et les circonflexes et les règles de grammaire du participe passé des verbes pronominaux parce que  sont les plus dures et que je ne les maîtrise pas complètement. Il a été vivant je le sais. Ce que je connais de lui se condense en une image. Ce n’est pas  l’image ordinaire d’une photographie qui aurait été fixée sur le papier. Non. Elle est, sans ambages* dans mon cœur, celle d’un paradis où l’univers est clos et si je n’ai pas su l’entretenir pendant ces heures  récentes d’un pauvre règne éphémère, l’idée me vient en écrivant, c’est que le temps y coule sans effraction comme l’eau d’un ruisseau de printemps.
* expression datée mais c’est comme ça.

CARNET D'ADRESSES DE L'AUTEUR


compteur de visites html
=====================================================================================================

A PAULINE  
Boutigny  ce vendredi 18 janvier (1952) matin à la lueur d'une bougie.

Pauline, mon amour

La désintégration nucléaire* n'ayant pas encore été utilisée en France pour la production de l'électricité ... oh !!! Tout mon effet est coupé, tout mon effet oratoire ! L'électricité vient de se rallumer d'un seul coup. Ça alors ! Je venais à peine d'écrire cette phrase tout en éteignant ma bougie que plof repane ! Renoir ! Mon effet est coupé et la situation redevient la même. Je t'écris près d'un chandelier, mais oui. Dis-moi, je commençais une belle entrée matière, n'est-ce-pas ? Fi, est-ce là une lettre d'amour ? Peut-être, sait-on jamais. Pauline, la lumière est très douce, c'est la lumière d'une bougie. Quand je verrai belle-maman, je lui chanterai les louanges de l'éclairage aux bougies. Dame, à Vrizy, au lieu d'avoir l'électricité dans la pièce de devant et la lampe à pétrole dans les autres (ce qui est très compliqué), il serait si simple de n'utiliser que les bougies. Un simple chandelier suffirait. Rien de tel pour ne pas heurter les yeux d'un trop vif éclat. Cela ne donne qu'un peu de lumière au milieu d'une grande partie d'obscurité. C'est poétique et cela permet aux amoureux de s'embrasser en paix. L'électricité vient de revenir après être partie encore une fois. Je me méfie et laisse un peu ma bougie. J'ai envie de l'éteindre, l'électricité pas ma bougie. Oui, pour ne pas user mes pauvres yeux ! Oh, je me suis trompé et voilà ma bougie morte. Cela sent bon et me plaît : une petite colonne montait dans l'air il y a trois secondes. C'est un parfum que maman n'aime pas. Mais maman est couchée, c'est qu'il est très tôt exactement 7h51.
J'espère que tu es bien rentrée hier et surtout sans avoir trop froid car il a dû geler cette nuit. Tu dois encore dormir pour réparer les forces usées à se promener sagement dans les rues de Paris sous le soleil et sous la grêle, sous la pluie et dans le vent. Tu sais, si je suis ton calorifère, comme tu me le dis, je n'arrive pas à réchauffer à 200 km de distance. Le soleil est plus fort que moi et pourtant je ne l'ai pas choisi comme emblème bien que je descende de Louis XV !!
Sans doute vas-tu parler de Roudoudou à tes gosses ce matin ou demain. Cela me fait penser que papa y a abonné sa classe voilà au moins 15 jours et qu'il n'a toujours absolument rien reçu. Cela fait tout de suite très, très sérieux. L'électricité dure vraiment cette fois. J'ai dit à mes parents que mes futurs beaux-parents viendraient fin janvier ce à quoi maman m'a répondu : " quand ? Car c'est bientôt fin janvier, c'est la semaine prochaine." Je livre cette réflexion à ma chérie. Il va falloir ce matin que j'enfile mon passe-montagne et ainsi je pédalerai en ta compagnie. C'est toi qui vas me tenir chaud, c'est toi qui seras mon petit calorifère. C'est juste, n'est-ce-pas ? Chacun son tour. J'ai trouvé, en rentrant hier, des gravures envoyées par la Hongrie nouvelle. Il y a sur une brochure un kazakh qui a un beau passe-montagne qui ressemble au mien et qui embrasse un petit hongrois. Pauline, comme cette lettre est excellente : style, écriture, orthographe, tout est irréprochable. C'est merveilleux, ne trouves-tu pas ?
Pauline, Pauline, je t'aime comme un fou. Ton Jacques.

*Le premier réacteur nucléaire français de production industrielle d’électricité date de 1956.

compteur de visite pour blog
========================================================================

Un roi éclairé

C’est toutes des filles de garces. Pardonnez monseigneur. Une sacrée maladie garce qui se transmet bien au chaud de femelles de garces-mères en femelles de garces-filles. On pourrait bien les plaindre, des siècles d’oppression, d’éducation forcée avec le bel avenir, mère, fille des rues, bonne-sœur, alors trouve-toi un homme et vite ma fille, oui maman, c’est quand même mieux qu’un mac ou que le petit Jésus. Fais-lui faire deux, trois mômes, il n’osera plus bouger. Ah, la belle prise d’otages, sournoise, bénie par le curé ou par la république, au nom du père, du fils  ou au nom de la patrie, voire au nom de l’amour, ah chéri que je t’aime. La douce rigolade. Et même si c’est vrai, l’amour et balivernes quand les yeux de la femelle rencontrent ceux du promis, ça ne peut pas bien durer, vous avez bien raison, vous  connaissez les hommes. On se croirait en 14 et  la tranchée d’en face.  Est-ce une révolte ? Non, Sire, c’est la Révolution.  Ah, les belles tricoteuses. C’est toutes des filles de garces, croyez-moi monseigneur. Le terrain est miné, les sirènes et Circé Calypso, fuyez, fuyez carrosse, passez par la Lorraine, rendez-vous à Coblence ou à Sigmaringen. Nous autres les manants attendrons au château la pandémie des garces. Mais dîtes-moi, mon bon,  qu’en sera la médecine ? Ah  Sire, je ne sais pas, de nos pauvres faiblesses nous risquons de périr. La maladie des garces est une triste chandelle qui compte sa lumière pour des papillons grêles en quête d’une caresse ou d’un sourire absent comme les nourrissons dont les lèvres avides cherchent le lait manquant au sein de mères exsangues. Ah Sire, le lait, le sang. De ce  breuvage sacré, cet écoulement vital, voyez comme les garces-mères, voyez comme les garces-filles sont les grandes demoiselles. A genoux, chapeau bas, fiers banquiers de Londres, Amsterdam ou Florence, vous avez vos maîtresses ! De tous vos coffres forts, aucun n’est plus fermé que celui de leurs cœurs, à l’intérêt trompeur, à l’usure étudiée, c’est qu’il faut nous défendre, nous sommes si malheureuses, verset un, verset deux, de leur Bible juponnière, ah la belle affaire, je vous passe les cajoleries et leurs enluminures. Langue de garce voilà tout. Gardez-vous monseigneur de croiser le chemin d’une reine assoupie sous la liqueur filiale, oh le doux miel. Gardez-vous monseigneur. Sous la saveur sucrée de la ruche frémissante, vous n’auriez que l’amertume du fiel et votre cri de surprise, mais tu es une garce, pardonnez monseigneur, serait vite étouffé sous leurs dards silencieux. Car voyez-vous, doux Sire, les dards des femelles sont beaucoup plus puissants que tous les anneaux des rois. Leurs cours sont innombrables, leurs armées solidaires et pour les maintenir en ordre de bataille, point besoin de ducats, de louis ou d’assignats, la solde est inconnue au bataillon des garces, elles se paient sur la bête, gare aux bombes, elles se ruent à la guerre au nom de la liberté et de l’égalité et de leur beau miroir. Enviez, enviez, Seigneur, nos cousins de l’espèce animale, les lions et les taureaux qui tiennent leurs femelles sous le croc et la corne. Mais dans notre lignée, ces attributs royaux sont devenus risibles, le croc s’est réduit en canine pauvre dent enfantine, et la corne, oh Seigneur ! Voyez la perfidie ! Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient tout ce malheur ? Sire, tant de reines-mères me viennent à l’esprit que celui-ci s’égare, ne sait laquelle choisir, celle-ci, celle-là. Dans nos passés de roture, le silence est la loi de ces garces de femelles orgueilleuses et honteuses. Une reine-mère atroce aurait-elle vécu aux temps immémoriaux que toute sa descendance couvrirait ses forfaits tandis que vous Seigneur, sous vos nobles coutumes et vos mâles traditions, votre cœur est couvert.  D’Aliénor l’intrépide, traîtresse à votre trône ou de l’atroce Catherine, vous ne balancerez pas et d’un geste royal écarterez leurs méfaits. Ainsi, mon beau doux Sire, vous pouvez préserver le message de douceur du Seigneur Eternel, oh la mâle douceur auguste et apaisante. Mais dîtes-moi mon bon, sont-elles si impies ? Hélas oui, doux Sire, leur douceur est factice, leur regard le plus tendre un amer trompe l’œil. Tout chez elles est tactique. Tel l’aimant qui attend l’aiguille métallique qui dépassera d’un pouce la zone interdite pour la rendre captive, elles ne pensent qu’au futur, leurs rêves les plus secrets sont notre cauchemar. Comment vais-je faire maman, dit la fille à sa mère ? Et celle-ci d’expliquer, boutiques, arrières boutiques et celle-là d’enregistrer, pensez donc monseigneur, c’est maman qui l’a dit.  Ce n’est pas la voix du Ciel, c’est la voix des femelles. Mais dîtes-moi mon bon, que se disent-elles entre elles ? Hélas, mon bon doux Sire,  il faudrait être femelle pour savoir leurs secrets. Langue de garce, âme de garce, cœur de garce. Ce n’est pas de la compassion qu’il faudrait pour pouvoir les comprendre, c’est de l’anéantissement, de la pulvérisation, polichinelle, pantin. La langue de la femelle est celle de la rumeur à l’œil accusateur et qui tisse une toile aux fils en désordre absolu. N’essayez pas, doux Sire, d’en démêler l’écheveau. Il vous faut d’Alexandre suivre le sage exemple qui trancha le nœud gordien. Hachez, hachez monseigneur les cordes des femelles et ne faiblissez pas, réduisez en morceaux, en tas, en cellules, en atomes et méfiez-vous toujours, les têtes des vipères bougent encore éloignées de leurs queues. Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient leur méchanceté ? Sire, elle vient de leur ignorance et elles pensent. Elles pensent, résolues, audacieuses, effrontées. Elles pensent être  l’origine du monde, elles pensent être l’origine de la vie  alors qu’elles en sont les vestales mais elles sont si stupides, elles pensent être le mystère. Mais doux Sire entendez, c’est la vie qui est le grand mystère pas ces tristes femelles ! Mais dîtes-moi mon bon, c’est de la barbarie. Tout à fait, monseigneur. Il n’y a pas une loi humaine ou bien divine qui ne puisse les  stopper. Tout leur appartient et l’ombre et le rayon et les quatre saisons, elles s’unissent à l’été, elles s’unissent à l’hiver. Les dés sont tout pipés, désir, désir, désir, tel est leur étendard, leur credo, leur Veni Creator. Ça joue à la poupée dès que c’est tout petit, en veux-tu, en voilà, ça lance ses premiers mots, mange ta soupe, sois gentil, dis bonjour à maman, au baigneur impotent. Et le tour est joué sous l’œil bienveillant des femelles vieillissantes. Monseigneur c’est la honte. Je sais une femelle. Elle avait interdit à l’ensemble de ses filles tous les jeux de poupées. Le remords l’avait prise ? Hélas, non, doux Sire. Elle ne supportait pas l’écho de cette audience. Ce tribunal charmant résonnait de ses fautes. Car voyez-vous seigneur, tandis que la plupart de ces femelles bavardes est sans conteste sotte, une faible fraction est consciente et honteuse. Et muette. Oh comme elles se complètent ! De Charybde en Scylla ! Les garces ! Et c’est à l’unisson qu’en un accord parfait ou un accord tacite, celle-ci guidant celle-là, sous les ordres du cerveau ou de quelque fonction, on continue sa sape, on poursuit sa bataille, on se reproduit encore. Ecoutez la musique, on aime tant se reproduire. Mais dîtes-moi mon bon, c’est une triste chanson. Oh oui,  mon doux seigneur, c’est la chanson des femmes, une chanson sans couplet, c’est la chanson truquée engloutie dans le refrain, se reproduire. Elles diront ces femelles, c’est la loi de la nature. La nature ! Enlevez tous les portraits, aquarelles, huiles, crayon, croyez-moi mon doux Sire, de vos habiles artistes, enlevez tous les tableaux de toutes ces  femelles, pour ne garder que ceux de l’ensemble de vos pères, de votre illustre gloire, et vous verrez doux Sire, elles seront toute affolées. Ça s’effondre sans images, savez-vous. Les lionnes vont au lac pour se désaltérer, la femelle archaïque s’y rend pour s’admirer. La nature ! Mais dites-moi mon bon ont-elles tant d’artifices ? Hélas oui, doux Seigneur, filles, mères, sœurs ou maîtresses, jalouses ou bien cruelles, elles agacent frères, époux, enfants et se livrent à l’ivresse de leur propre puissance. Elles s’aiment, elles s’aiment, tant,  à en haïr le monde. Toute la vie, elles exercent leur pouvoir avec la présomption de leur belle jeunesse à qui la discipline a complètement manqué et comme un fruit caché qui serait parvenu à la maturité sans qu’on s’en aperçut et se détacherait soudainement de l’arbre, il est toujours un temps où même la plus sage se révèle enfin. Ne croyez pas doux Sire, la femelle égoïste, non, on pourrait l’amender. Sa nature est tout autre et c’est l’égocentrisme. Ainsi elle perturbe l’univers, puissamment, inexorablement, dans l’ombre ou la lumière. Quel que soit son reflet, la Lune tient la mer. Mais dites-moi mon bon, s’il m’arrivait un jour, la reine, mes favorites, d’entretenir quelques doutes. Oh Sire, je vous disais tantôt la langue des femelles. C’est la langue indiscrète. Aussi ne laissent-elles échapper le secret de leur commerce. Eclairez moi mon bon. D’abord mon bon doux Sire, il vous faut la prudence, pour éviter leurs larmes, les femelles croient qu’elles les dédommagent, pour éviter leur rage, la fureur du loup pris lui fait autant de mal que la mâchoire du piège. Continuez mon bon. Et bien mon doux Seigneur, puisque vous êtes le roi, comptez sur vos valets et sur vos domestiques. C’est par eux que sont conduites les intrigues de ces femmes au château et jamais l’une d’elles ne s’embarquera en affaire lorsqu’elle aura sujet de s’en défier. Si la conduite de la reine, pardonnez monseigneur, ou d’une de vos favorites vous devient suspecte, appelez dans votre chambre, après le retour de la ville ou le retour de madame, un de ceux qui seront restés au logis pendant votre absence ou qui l’auront suivie lors de ses visites. Laissez le attendre un moment et renvoyez le sans lui avoir rien demandé ni donné aucun ordre. La dame, curieuse et craintive, voudra savoir d’abord pourquoi il aura été mandé, et ne croyant pas ce qu’il lui répondra, c’est-à-dire qu’il a été mandé pour rien, elle ne doutera pas qu’il ne la trahisse et le prenant pour un fidèle espion de ses actions, elle s’abstiendra de tout ce qui pourrait en déshonorer le rapport. Quelle habileté, je vous remercie mon bon. A vos ordres monseigneur. Mais vous savez doux Sire, c’est parce que les hommes ne sont pas  hommes qu’ils perdent leur temps à parler des femmes ainsi.                                                                                      


JIMMY

 (reprise du texte en alexandrins) 


Un roi éclairé

C'est une maladie, c'est une sombre farce,
Sire, elles sont toutes de la race des garces,
C'est un gène transmis par chaque garce-mère
A sa garce de fille: un héritage amer.
Des siècles d’oppression, on pourrait les en plaindre,
Education forcée pour quel but à atteindre ?
Mère ou femme des rues, ou bonne-sœur aigrie,
Trouve-toi donc un homme au plus tôt ma chérie,
Ce sera mieux qu’un mac ou que l’enfant Jésus,
« Oui maman » et la lèvre un peu moins décousue.
Fais-lui faire aussitôt deux enfants, sabotage :
Il n’osera  bouger, oh la prise d’otages
Bénie par le curé ou par la République,
Au nom du très saint père ou l’intérêt public,
Voire au nom de l’amour, ah chéri que je t’aime.
La douce rigolade, et franche quand bien même :
C’est vite baliverne et dure la saison.
-Vous connaissez bien l’homme et vous avez raison.
On se croit en quatorze et la tranchée adverse,
S’agit-il de révolte aux manœuvres perverses ?
Éclairez-moi mon bon.
-Hélas non, mon doux Sire
Le mal est plus odieux, écoutez fort cette ire,
C’est la Révolution, vile et déterminée.
Croyez-moi Monseigneur, le terrain est miné,
Calypso et Circé, prenez garde aux sirènes,
Sauvez-vous Majesté, passez par la Lorraine,
Fuyez, fuyez carrosse ou fuyez Volkswagen,
Rendez-vous à Coblence ou à Sigmaringen.
Nous autres les manants et modestes comparses
Attendrons au château la pandémie des garces.
-Mais dites-moi mon bon, qu’en sera le remède ?
-Ah Sire je l’ignore, et Dieu nous vienne en aide,
Nous risquons de périr de nos pauvres faiblesses,
Car cette maladie que portent les diablesses
Est bien triste bougie, est bien pingre chandelle,
Qui compte son éclat pour des papillons grêles
En quête de caresse ou d’un sourire absent,
Comme les nourrissons cherchent en gémissant
Le lait manquant au sein de leurs mères exsangues ;
Ah le lait, ah le sang, juste dessous la langue !
Et par ce fluide saint au sein de la famille,
Voyez la garce mère et sa garce de fille
Se changer malgré nous en d’importantes dames.
A genoux, chapeau bas, fiers banquiers d’Amsterdam
De Florence ou Paris, vous avez vos maîtresses !
De tous les coffres forts, c’est leur cœur de traîtresse
Qui est le plus fermé, qui est le plus trompeur,
Son usure étudiée est piège de trappeur.
« C’est qu’il faut nous défendre et nous protéger d’eux,
Si grands sont nos malheurs » ; verset un, verset deux,
Leur Bible juponnière et sa belle reliure,
De leurs cajoleries à leurs enluminures,
Tissu de fourberies sur du beau parchemin.
Gardez-vous Monseigneur de croiser le chemin
D’une reine assoupie sous la liqueur filiale,
Oh le doux miel, danger, le goût en est fatal ;
Sous la saveur sucrée de la ruche entreprise
Vous n’auriez que le cri amer de la surprise :
« Mais tu es une garce ! », et puisque judicieux,
Serait vite étouffé sous leurs dards silencieux.
Car voyez Majesté, leur aiguillon adroit
Est beaucoup plus puissant que tous les sceaux des rois.
Leurs Cours sont infinies, leurs armées sont de taille,
Et pour les maintenir en ordre de bataille
Les simples citoyens, les bandits, les magnats,
Point besoin de ducats, de louis ou d’assignats,
La solde est inconnue dans l’avant-garce : niet,
Elles ont toujours su se payer sur la bête
Et courent au combat les lèvres écartées
Au nom de la justice et de la liberté
De la fraternité et de leur beau miroir.
Enviez, enviez, Seigneur, nos cousins du terroir,
Les taureaux et les lions qui tiennent leurs femelles
Sous la corne et le croc, tout doux porte-mamelles.
Mais dans notre lignée, ces armes invincibles,
Ces attributs royaux, sont devenus risibles :
Le croc s’est vu réduit en modeste canine,
Petit morceau d’émail, pauvre dent enfantine,
Et la corne, oh Seigneur ! Voyez la perfidie !
- Mais dites-moi mon bon, d’où vient la tragédie ? 
- Ah c’est que, noble roi, la liste est peu sommaire,
Me viennent à l’esprit tant de ces reines-mères
Que mon esprit s’égare et devient incapable
De désigner laquelle en fut la plus coupable.
Le silence étant loi parmi les tricoteuses,
L’orgueil ayant scellé leur vieille secte honteuse,
Je ne saurais répondre à votre Majesté.
Quelque matrice atroce aurait-elle existé
En des temps reculés, que toute son engeance
Couvrirait ses forfaits avec intelligence,
Tandis que vous Seigneur, sous vos us souverains,
Vos mâles traditions, votre cœur est serein.
Catherine, Aliénor, infâme ou déloyale,
Point ne balancerez, et d’un geste royal
Chasserez leurs méfaits ; ainsi monarque sage,
Vous pouvez préserver  le bienveillant message
Du Seigneur Éternel : douceur, philanthropie.
- Mais dîtes-moi mon bon, sont-elles si impies ?
- Hélas oui, Majesté, leur douceur est factice
Leur regard le plus tendre un profond précipice,
Un amer trompe-l’œil, et dessous la coquille
Elles sont des aimants attendant que l’aiguille
Restée trop près du seuil vienne à le dépasser
Pour la rendre captive ; et ces gallinacées
Ne pensent qu’au futur ! Leurs rêves et mystères  
Sont notre cauchemar. « Maman que vais-je faire ? »
Dit la fille à sa mère, en candide jeunotte,
Et celle-ci explique, et celle-là prend note,
Pensez donc Monseigneur, c’est maman qui l’a dit,
S’y plier garantit l’entrée au paradis ;
Et point de voix du Ciel, c’est la voix des femelles.
-Mais dites-moi mon bon, que se racontent-elles?
-Hélas, mon doux Seigneur, leur silence est vainqueur,
Garce de langue et d’âme, et garce dans le cœur ;
Là où la compassion échoue à les comprendre,
L’anéantissement, la réduction en cendres,
Pantin, Polichinelle, ont de meilleurs succès :
Il faut être des leurs pour y avoir accès.
Car la langue femelle est celle des rumeurs
A l’œil accusateur, à la sinistre humeur,
Et qui tisse une toile où l’ensemble des fils
Est en parfait désordre, où il est inutile
De dénouer l’écheveau le défi entreprendre.
Il faut suivre l’exemple du sage Alexandre
Qui d’un coup assuré trancha le nœud gordien,
Hachez, hachez Seigneur ces quelques maudits liens
Entre mâle et femelle, et ne faiblissez guère,
Réduisez en morceaux, en poudre, en tas vulgaire,
Et méfiez-vous toujours, car vipères de corps,
Eloignée de la queue leur tête bouge encore !
- Mais dites-moi mon bon, d’où vient leur malfaisance ?
- Elle vient Monseigneur de leur grande ignorance :
Elles croient, résolues, être sous leur hymen,
L’origine du monde, de la vie humaine,
Elles en sont pourtant les honorées vestales,
Mais montent en courant sur le haut piédestal
Réservé au mystère ; elles sont si stupides.
Parmi tous les secrets, quel est le moins limpide ?
C’est bien sûr Majesté celui de la vie même !
Le mystère femelle est une blague extrême. 
- Mais dites-moi mon bon, c’est de la barbarie !
- Tout à fait, Monseigneur. Et point de plaidoirie.
Aucune loi de l’homme, aucun dogme chrétien
Qui puisse les stopper ; car tout leur appartient :
Et l’ombre et le rayon, et les quatre saisons,
Ensemble dans l’hiver comme à la floraison.
Les dés sont tous pipés, désir, désir, désir,
Tel est leur étendard exhibé à loisir,
Leur credo éternel, leur Veni Creator,
Auquel les nouveau-nées sont initiées à tort.
Ça joue à la poupée dès que c’est tout marmot,
En veux-tu, en voilà, lance ses premiers mots,
« Sois gentil, fais tes nuits, finis ta soupe, attends,
Dis bonjour à maman » ; oh baigneur impotent !
Ainsi le tour est joué, toujours obéissantes   
Au regard bienveillant de garces vieillissantes.
C’est honteux Monseigneur. Je sais une femelle
Qui avait interdit de manière formelle
Tous les jeux de poupées à sa progéniture.
-Etait-ce le remord qui dictait sa droiture?
-Hélas non, Majesté ; ses bribes de conscience
Ne pouvaient supporter l’écho de cette audience,
Ce tribunal charmant résonnait de ses fautes.
Parfois la lumière entre et le bon sens tressaute,
J’entends par là Seigneur, si la plupart d’entre elles
Sont l’archétype idiot de bavardes femelles
Une faible fraction est consciente et honteuse
Et muette il va de soi ; silence de fauteuse.
Voyez donc Majesté comme elles se complètent !
L’accord en est tacite et l’entente parfaite :
Disons que celle-ci guidera celle-là,
Voyez comment Seigneur, de Charybde en Scylla,
Sous l’ordre du cerveau ou de quelque fonction,
Ça continue sa sape et sa révolution,
Se reproduit encore, oh que l’on aime tant,
Se reproduire, en chœur, c’est un air entêtant.
-Mais dites-moi mon bon, quelle musique infâme!
- Oh oui, mon doux seigneur, c’est la chanson des femmes,
C’est un chant sans couplet, c’est un chant utérin,
Ou l’air « se reproduire » en guise de refrain
Engloutit la chanson, en truque l’écriture ;
Elles diront ces garces, c’est la loi, la nature.
La nature ! Enlevez  de ces tristes femelles
Tous les portraits, crayons, huiles et aquarelles,
De vos peintres adroits et vos graveurs hors-pair,
Pour ne garder que ceux de vos illustres pères,
De votre auguste gloire, et, Sire auréolé,
Vous les verrez sitôt grandement affolées,
Leur être, sans reflet, s’effondre et se fracture,
Et qui ose invoquer la loi de la nature ?
Quand la lionne est au lac pour se désaltérer,
La femelle s’y rend afin de s’admirer !
- Mais dites-moi mon bon, ont-elles tant de vices ?
- Hélas oui, doux Seigneur, grands sont leurs artifices,
De mère en fille, en sœur, en maîtresse, trop fières
Leur cruauté jalouse agace tous, les frères
Les époux, les enfants, et se livre en ce sens
A l’ivresse impunie de leur propre puissance.
Elles s’aiment si fort, à en haïr le monde,
Exerçant chaque jour leur liberté féconde 
Avec la présomption de leur belle jeunesse,
Qui de la discipline a manqué la finesse,
Et comme un fruit caché qui serait parvenu
A la maturité sans qu’on s’en aperçut
Et se détacherait brusquement du branchage,
Il est toujours un temps ou même la plus sage
Se révèle à nos yeux. Mais point ne prétendez
La femelle égoïste, on pourrait l’amender.
Sa nature est toute autre ; un grand égocentrisme
La fait tout entreprendre à travers son seul prisme.
Et c’est ainsi, Seigneur, sans la moindre pitié,
Que perturbe la vie et l’univers entier,
Inexorablement, dans l’ombre et la lumière :
Quel que soit son reflet, la Lune tient la mer.
- Mais dites-moi mon bon, s’il m’arrivait ensuite
De douter de la reine ou de mes favorites ?
- Je vous disais tantôt la langue des femelles.
C’est la langue indiscrète, aussi ne laissent-elles
Echapper le secret de leur sombre trafic.
- Eclairez-moi mon bon.
                                            -Oh oui, Roi magnifique.
Il faut être prudent au milieu de l’orage
Pour éviter leurs pleurs qui déguisent leur rage,
- Continuez donc mon bon. Comment y réussir ?
- Et bien mon doux Seigneur, voici mon noble Sire :
En tant que souverain, du château dynastique
Comptez sur les valets et sur les domestiques,
Car c’est tout autour d’eux que naissent les intrigues
De quelque châtelaine à l’affaire prodigue,
Que la garce jamais n’osera planifier
Dès lors qu’elle aura d’eux matière à se défier.
Si l’action de la reine, excusez Majesté,
Ou quelque favorite à l’honneur attesté
Vous devient trop suspecte et semble enténébrée,
Appelez simplement, seul dans votre chambrée,
Lors de votre retour de la chasse ou la ville,
Ou celui de madame, un des valets serviles
Restés entre ces murs au long de votre absence 
Ou l’un de ses laquais qui suivait ses vacances.
Laissez-le un moment et sans vous commander
Renvoyez-le sans rien lui avoir demandé !
Point de question, ni d’ordre, et vous verrez madame
Apeurée et curieuse accourir au quidam
Pour chercher la raison de tel conciliabule,
Et ne le croyant pas -simple esprit de calcul-
Lorsqu’il lui répondra qu’il fut mandé pour rien,
Prendra ses mots pour ceux d’un traître et d’un vaurien
Espion de ses actions, et s’abstiendra alors
De tout ce qui pourrait en ternir le rapport.
- Quelle astuce mon bon, je vous suis débiteur !
- Je suis, sage Seigneur, votre humble serviteur.*

Cependant Majesté, c’est féminin ramdam
Que perdre ainsi son temps à parler de ces dames
Je vous dirai demain semblable litanie
Au sujet masculin de nos lâches manies.

créer un compteur de visite